Une réforme nécessaire et des propositions concrètes

La deuxième séance publique de la Conférence nationale des métiers du journalisme (CNMJ) aura lieu un an jour pour jour après la séance inaugurale de septembre 2010. Et quel avait été notre engagement à l’issue après la première conférence, si ce n’est celui de faire des propositions dans deux domaines essentiels. D’abord, de parvenir à définir un référentiel qui puisse être commun à l’Enseignement supérieur et à la profession. Ensuite, de construire –ce que nous avions appelé alors- un « Passeport professionnel » propre à donner un bagage commun aux jeunes confrères qui n’ont pas suivi la formation spécifique d’une école reconnue par la profession.

Au moment où nous revenons vers les participants à la première conférence, nous avons la conviction d’avoir bien œuvré sur les deux sujets. Non seulement parce le travail a été régulier et intense, mais surtout parce que nous avons construit dans les deux domaines évoqués, des propositions solides qui devraient retenir l’attention des pouvoirs publics, des éditeurs et des professionnels. La CNMJ a élaboré deux cadres de travail qui relèvent de sa compétence : la réflexion et la mise en commun. La Conférence, rappelons-le n’est qu’une force de proposition. La mise en place relève exclusivement des instances dont c’est la mission : les pouvoirs publics (Enseignement supérieur et recherche,  Culture et Communication, Emploi et Formation professionnelle) et l’instance paritaire de la profession qu’est la Commission paritaire de l’emploi des journalistes (CPNEJ).

Cela dit, la CNMJ n’est pas une construction éthérée. Sa composition fait sens. Participent à ses travaux : les 13 écoles reconnues par la profession (publiques et privées), les ministères concernés, la CPNEJ et les experts tant nationaux qu’internationaux intéressés aux questions de l’évolution du journalisme et de la formation initiale ou continue à notre métier. C’est dire si les propositions qui seront présentées ont retenu l’attention de tous ces acteurs à nos travaux.

En 2010, la CNMJ balbutiante avait obtenu le concours actif et positif du Ministère de la Culture et de la Communication et l’engagement du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour faire de la question d’un référentiel commun aux lieux d’enseignement du journalisme une priorité pour 2011 et 2012. Nous sommes maintenant au pied du mur. Il faut savoir passer de la proposition à la réalisation. Chacun des chantiers ouverts avait un objectif.

Le référentiel commun aux formations au journalisme a pour objet de rendre l’offre d’enseignement lisible pour les candidats à ce métier et pour leurs familles qui engagent des frais lourds. De rendre le paysage des écoles clair pour les employeurs afin que ces derniers sachent, lors du recrutement d’un jeune formé dans un centre dûment répertorié, quelles sont ses compétences et ses savoir-faire.

Le « passeport professionnel » vise lui, à faire du journalisme un métier toujours ouvert à tous les talents mais reconnaît que notamment en matière d’éthique et de méthodes professionnelles  tous les journalistes doivent disposer d’une formation commune –commune ne voulant dire en aucun cas identique.

L’année qui vient de s’écouler, avec une actualité foisonnante, avec des affaires qui ont mis à rude épreuve les questions de déontologie, avec des mutations importantes tant dans les structures capitalistiques technologiques ou sociales des médias, conforte à n’en pas douter cette idée simple et pourtant essentielle : le journalisme est une profession à part entière. Une profession qui requiert une formation de qualité. Des apprentissages exigeants. Une pédagogie toujours basée sur les fondamentaux de la place de l’information en démocratie. Des adaptations constantes aux mutations des technologies de production et de diffusion des nouvelles.

La CNMJ a travaillé avec ces exigences en toile de fond. Les propositions qu’elle émet sont réalistes. Elles constituent un socle pour toutes les évolutions à venir. Le journalisme est fragilisé par tous les changements en cours et pourtant il est toujours plus nécessaire à une bonne pratique de cette liberté publique essentielle qu’est la liberté de parole et d’information.

C’est pourquoi dès la saison 2011-2012 ouverte, et sans rien lâcher de la nécessaire réalisation des propositions 2010-2011, la CNMJ ouvrira d’autres portes. Et plus particulièrement celle de la diversité dans le recrutement et la formation des journalistes afin que les médias puissent être au plus près des évolutions de la société. Et celle de la formation continue des journalistes afin que le professionnalisme puisse accompagner les mutations techniques.

Nous vous attendons nombreux à la 2ème Conférence nationale des métiers du journalisme. Nous vous espérons attentifs à l’écoute de nos travaux. Nous vous souhaitons actifs pour rendre réelles nos propositions.

Patrick Pépin
Président de la CNMJ

Voir l’édito 2010